Pensiero Teologico

Le coeur: intégrité de l’homme entier

Le coeur: intégrité de l’homme entier 
Le cardinal Spidlik, entre Orient et Occident

Prefazione del Cardinale di Lione Mons. Philippe Barbarin

Le 16 avril dernier, le cardinal Tomas Spidlik rejoignait la Maison du Père à l’age de quatre-vingt-dix ans. Ce théologien jèsuite tchèque, créé cardinal en 2003, a étudié les traditions théologiques occidentales et orientales, et réalisé une oeuvre intellectuelle de grande ampleur, comme en témoignent les 145 livres et 600 articles qu’il a publiés. Spécialiste mondialment reconnu de la spiritualité chrétienne orientale – notamment slave – il était convaincu qu’elle pouvait apporter une contribution importante à l’E‘glise, pour l’aider à “respirer par ses deux poumons”, selon la célèbre expression du pape Jean-Paul II, dont il était un proche, et à qui il precha la retraite de Careme, en 1995.

Personnellement, je garde un vif souvenir de la conférence qu’il avait recu mission de donner aux cardinaux, quand nous entrions en Conclave , pour l’élection de Benoit XVI , le 18 avril 2005. Nous étions dèjà réunis dans la chapelle Sixtine pour le premier vote et il a méditè devant nous, en faisant référence à de nombreux auteurs spirituels d’Orient, sur le sens de ce choix humain qui allait prendre sa place dans ”le choix de Dieu”.

Il a progressivement développé une “spiritualité du coeur” qui s’inspire pour une bonne part de l’oeuvre de Théophane le Reclus, éveque russe orthodoxe du XIX siècle. “Le symbole du coeur représente dans la spiritualité orientale le siège de la prière, de la rencontre entre l’homme et Dieu, mais aussi avec les autres hommes”, comme le rappelait le pape Benoit XVI dans son homélie, lors des obsèques

du cardinal Spidlik. En ce sens, le coeur devient le lieu de la vraie connaissance, le siège de sa vie spirituelle et le centre de sa personne, dans son intégrité et son unité.

Une telle présentation de la vie chrétienne parle à l’homme contemporain puisq’elle souligne combien la relation avec le Christ, et par lui avec la Trinité tout entièere, le rejoint en profondeur et est appelée à rejaillir dans toutes les dimensions de sa personne: corps, ame et esprit. J’y suis d’autant plus sensible que le diocèse de Lyon est entré depuis un an dans un parcours qui vise à mettre en valeur la place de l’Eglise comme servante de “l’homme tout entier”,en écho à cette belle parole de sait Paul: “Que le Dieu de la Paix lui-meme vous sanctifietout entiers et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre ame et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jesus.Christ” (1Th 5,23).

Grace au père Franco Nardin, cette spiritualité du coeur, étudiée avec de profondeur par le cardinal Tomas Spidlik nous est rendue accessible. L’auteur de cet ouvrage, curédans le diocèse de Lyon et membre du Chemin néocatéchuménal, a raison de penser que cette oeuvre peut susciter une “culture du coeur” qui élève l’homme à sa haute dignité de Fils de Dieu, le purifie et le rend capable de contempler Dieu, selon la promesse de Jésus dans la sixième Béatitude: “Heureux les coeurs purs, il verront Dieu” (Mt 5,8). Le Travail accompli par l’auteur a fait l’objet d’une thèse soutenue à Rome au sein du Centre Aletti, centre qui promeut un échange théologique et spirituel entre les E’glises de l’Orient et de l’Occident; le cardinal Spidlik y enseigna toute sa vie. A’ Lyon, cité de saint Irénée et de l’abbé Paul Couturier, comment ne pas etre sensible à la dimension oecuménique de ce travail, en écho à la prière de Jésus: “Qu’ils soient un” (Jn 17,21).

Cardinal Philippe Barbarin, Archeveque de Lyon

Le 11 juin 2010, cloture de l’Année sacerdotale

et solennité du Sacré-Coeur